des Trossachs, avec le ciel et l'Ecosse pour témoins ! Ils trinquèrent à leur bonheur futur et le whisky les emplit d'une douce euphorie. A quelques mètres de là, un arbre rabougri mais solide ressemblait à une sentinelle surveillant l'approche d'un éventuel envahisseur. Imogène, cependant, en bonne Ecossaise qui ne perd jamais tout à fait le sens des réalités, déclara :

—   A l'Amirauté, je gagne douze livres par semaine...

—   Chez Irahm et George, je touche vingt et une livres chaque vendredi soir.

—   Cela nous fera trente-trois livres...

—   Je crois que nous y arriverons, n'est-ce pas ?

—   Je le crois aussi ! Bien entendu, nous habiterons chez moi, à Chelsea.

—   J'ai toujours rêvé de vivre à Chelsea...

Avec satisfaction ils constatèrent qu'ils se trouvaient d'accord sur tout et ils burent encore un petit coup pour célébrer cette parfaite entente. Ensuite, ils liquidèrent la salade de carottes crues. Avant d'entamer le meatee pudding, Ross remarqua :

— Si vous le vouliez, Imogène, nous pourrions être beaucoup plus riches et mener une existence très confortable... Cela ne vous dirait pas d'aller passer l'hiver au soleil ?

Miss McCarthery supposa que Gowan supportait moins bien le scotch qu'elle-même.

—   Je ne travaillerais plus à l'Amirauté ?

—   Ni moi chez Irahm et George !

—   Et par quel miracle ?

—   Vous portez sur vous des documents qui valent beaucoup d'argent...

Imogène crut à une plaisanterie un peu lourde.

—   Malheureusement, ils appartiennent à l'Angleterre !

—   Vous n'êtes pas anglaise, mais écossaise !

Elle fronça le sourcil car elle n'aimait pas du tout le tour que prenait ce badinage. Sèchement, elle affirma :

— Quand il s'agit de la Défense nationale, il n'y a plus d'Anglais ni d'Ecossais, Gowan...